lundi 31 juillet 2017

Le club Robotech décomplexe l’ordinateur


Chez eux, rien ne se gâte, rien ne se perd, tout se transforme.  Ces polytechniciens récupèrent les machines vouées à la casse pour les réintégrer dans le circuit. Avec tact et talent. Leurs matières proviennent des poubelles.
    Les machines en panne, Ils ne les jettent plus. Les étudiants en génie mécanique de l’Esp les rendent utiles par le recyclage.  A la salle de technologies de fabrication dudit département,  il faut un peu de temps pour ouvrir les grilles, fermées avec deux  cadenas. Avant de tourner la serrure de la porte, à triple tour. L’accès n’est pas facile, c’est peut-être dû à son importance. Dans l’obscurité, on se croirait dans un  hangar. Tantôt, la lumière jaillit et dévoile un long tableau blanc avec plusieurs schémas qui nous plongent dans un univers scientifique. Des ordinateurs noirs encerclent une grande imprimante grise. Dans cet atelier, il faut être vigilant pour éviter le piège des fils. Ils sont nombreux et enchevêtrés à coté d’une imprimante 3D toute neuve.  « Les génies de la mécanique » fréquentent cet endroit depuis 2013.  C’est le lieu de travail et d’expérimentation du club Robotech. Les nombreuses chaises harmonisées avec la peinture jaune de la pièce ne sont pas occupées. Les 14 membres ne sont pas disponibles à cause des évaluations de fin d’année. Mais le coordonateur Mamadou Gueye tente seul de poursuivre le travail en attendant les autres. Debout, avec sa grande taille, l’ancien élève au Lycée Maurice Delafosse concentre sur son boulot du jour. Il se courbe sur une table où sont posés des perceuses, des tournevis, des moteurs, des clés, des claviers, des souris  et des unités centrales dépouillées. Avec un tournevis, il ouvre une vielle machine. Celle–ci est son occupation du jour. Mamadou enlève les pièces une par une et fait des tests à l’aide de son testeur multimètre. Cette expérience est le fruit de sa formation à l’ESP. Avec ses camarades, il a aussi participé à un stage à l’Agence universitaire francophone (Auf) .
       Le processus est simple. Il ouvre plusieurs machines, fait des tests. Les parties non endommagées sont conservées. Ensuite, il vérifie la compatibilité avec les éléments amassés. S’il n’a pas toutes les composantes, il fait recours à d’autres ordinateurs qui ne marchent plus. La phase la plus ardue est l’assemblage. Ça peut prendre des jours. Il faut  aussi des vérifications et plusieurs essais. Cette étape exige concentration et patience pour ne pas rendre vaines des heures de travail. « Nous ramassons les machines qui ne fonctionnent pas  pour les recycler. C’est un travail difficile qui prend du temps et de l’énergie. Nous nous enfermons dans ce laboratoire pour travailler en toute quiétude », déclare t-il les fils à la main, les yeux rivés sur sa table de travail.
     Ce recyclage n’a pour le moment aucun but lucratif. « Nos projets visent à montrer aux gens que l’ordinateur n’est pas aussi complexe que ça. Avant, c’était un mythe. Mais maintenant, nous avons réussi à ouvrir une machine, enlever toutes les pièces pour fabriquer d’autres », s’enthousiasme le coordonnateur du club ROBOTECH. A ce stade, ledit club a recyclé 5 ordinateurs. Ces derniers sont utilisés lors de l’impression des documents et autres travaux.
Hormis ceux de leur établissement, il apporte aussi cet appui à des lycées dans le cadre de leurs activités de fin d’année. Ce recyclage est aussi une manière de lutter contre les déchets mécaniques. « C’est aussi un moyen de préserver l’environnement », soutient-il.
   L’initiative et les actions du club sont bonnes même si certains étudiants fustigent le manque de communication. « Les membres de ROBOTECH font un excellent travail. Le principal problème reste le manque de communication. Beaucoup d’étudiants ne sont pas au courant de son existence. Et ce n’est pas normal. », constate Bamba Seck étudiant en deuxième année au département d’informatique dudit établissement. 
    A l’atelier technique du Cesti, l’ambiance détermine le milieu. Les ordinateurs en réparation attirent les attentions. Disques durs, claviers et batteries sont éparpillés sur une grande table. Des câbles, testeurs, et fils sont suspendus sur le mur. Les techniciens vaquent à leurs occupations. L’un d’eux, Alioune Badara Youme, considère ces travaux comme un pas important. « Avec le recyclage, les étudiants peuvent renforcer leurs capacités. Beaucoup de machines vouées à la casse dorment aujourd’hui dans les instituts » soutient–il le sourire aux lèvres. L’homme à la tunique bleue  estime que « ce projet est salvateur » pour l’environnement. A ce rythme, ces « doigts ingénieux de l’Ucad », ne comptent pas laisser un seul déchet mécanique polluer la nature.

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